Intervention sur patrimoine historique

Gabrielle Voinot
L’APIJ peut avoir à assurer la réhabilitation et la rénovation du patrimoine judiciaire et pénitentiaire existant. Elle porte alors une attention particulière à l’aspect patrimonial des bâtiments sur lesquels elle intervient, qu’ils soient ou non inscrits ou classés au titre de monuments historiques. L’APIJ travaille à cet effet avec l’ensemble des acteurs en charge de la protection et de la valorisation du patrimoine, dans le cadre de projets contemporains.
Sur ces types d’opérations, les propositions retenues par l’APIJ ont à cœur le respect des principes de la conception d’origine, tout en cherchant à répondre aux exigences normatives, programmatiques et de fonctionnement des juridictions et des établissements pénitentiaires. Cette volonté de conjuguer modernité et valorisation de la symbolique historique et architecturale du bâti a notamment été au centre des projets de rénovation du palais de justice de Strasbourg et de la réhabilitation-reconstruction de la maison d’arrêt de La Santé-Paris.
ZOOM SUR LE PALAIS DE JUSTICE DE PARIS – ÎLE DE LA CITE

Nicolas Borel
Intégralement classé au titre des Monuments Historiques, le Palais de justice de Paris est indéniablement l’un des symboles du patrimoine historique et architectural parisien.
Dans le cadre du déménagement du Tribunal de Grande Instance et de la Direction Régionale de la Police Judiciaire vers le site des Batignolles, plusieurs études et analyses préalables ainsi que des scénarios d’occupation des surfaces libérées sont menés, afin de réintégrer au sein du palais historique certains services de la Cour de Cassation et de la Cour d’Appel actuellement hébergés dans des sites en location, et attribuer à ces deux juridictions la surface nécessaire à leur fonctionnement à long terme.
Pour dresser une cartographie détaillée des interventions possibles de la réhabilitation du palais, l’APIJ, en accord avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles, a missionné l’architecte en chef des Monuments Historiques territorialement compétent pour réaliser une étude d’évaluation. Cette étude, rendue en 2016, s’attache sur la base d’approches historiques, documentaires, et de relevés, à déterminer la valeur patrimoniale du site, identifier les espaces à caractère patrimonial majeur ou remarquable et repérer les éventuelles restitutions de certaines dispositions constructives d’origine et à définir les espaces qui peuvent, à contrario, faire l’objet de transformations fortes.
ZOOM SUR LA MAISON D’ARRET DE PARIS-LA SANTE

Aline Boros
L’approche patrimoniale a été multiple pour la maison d’arrêt de Paris-La Santé dont l’état de vétusté nécessitait une intervention lourde. Le bâtiment n’est pas protégé mais il se situe dans un périmètre de protection au titre des monuments historiques, il est emblématique des constructions pénitentiaires du 19e siècle et s’inscrit fortement dans la mémoire collective. Afin de répondre aux exigences de modernisation tout en conservant sa grande portée symbolique et historique, la solution d’une réhabilitation–reconstruction s’est imposée.
Cette opération a fait l’objet d’études préalables, de recherches historiques, d’inventaire patrimonial et d’échanges avec les services du Ministère de la Culture pour définir précisément la nature et les limites des interventions.
Urbanité, symétrie, gabarit, simplicité des volumes, maîtrise des émergences, traitement des baies, mise en valeur du "quartier bas" représentatif du modèle panoptique, sont autant d’éléments qui ont guidé la conception du projet.
L’APIJ a accompagné ce projet d’une étude confiée à une chercheuse du CNRS, spécialiste de l’histoire de l’architecture pénitentiaire.
ZOOM SUR LE PALAIS DE JUSTICE DE STRASBOURG

Nicolas Fussler
Le palais de justice de Strasbourg est aussi un exemple significatif de restructuration lourde d’un patrimoine existant. Il s’agit d’un bâtiment de la fin du XIXe siècle, monument majeur de patrimoine strasbourgeois, protégé au titre des monuments historiques.
Avant de lancer cette restructuration, un travail important a été mené avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles et la Conservatrice Régionale des Monuments Historiques pour définir la limite d’interventions permettant de concilier préservation, mise en valeur, réalisation d’un édifice fonctionnel répondant aux attentes des juridictions et aux impératifs de création de surfaces supplémentaires. Il y avait, en outre, un double enjeu d’intégrité lié non seulement au bâtiment, mais aussi à sa perception dans son environnement.
Un travail sur la redistribution et la création de nouveaux espaces, tout en jouant sur les volumes et les matériaux, a permis d’apporter de la lumière au cœur du bâtiment en conservant la silhouette d’origine du palais.